
Présentation des thèmes
Les articles compilés sur ce site web abordent un large éventail d’enjeux et de considérations. Bien que nous ayons regroupé les articles selon cinq thèmes généraux, nous sommes conscients du fait que bon nombre des expériences qui y sont présentées peuvent toucher plus d’un thème, ainsi que des enjeux dont la portée excède celle des cinq thèmes déterminés.
Ces cinq thèmes sont les suivants :
- paramètres et enjeux de l’appropriation indue et du mésusage;
- appropriation, collaboration et propriété intellectuelle dans le monde des arts;
- souveraineté et autodétermination en matière d’arts, d’expressions culturelles et de pratiques artistiques;
- expériences liées aux mécanismes de protection et aux protocoles dirigés par des peuples autochtones avec l’appui du gouvernement;
- à constitution d’une masse critique de dirigeants autochtones dans le monde des arts.
Il est important de noter que les textes contenus dans le présent recueil traduisent les expériences et les réflexions personnelles de ses différents contributeurs, et que celles-ci se fondent souvent sur une expertise qu’ils ont acquise après avoir travaillé pendant toute une vie dans un domaine de pratique artistique et culturelle particulier. C’est ce lien individuel et personnel avec les pratiques culturelles et artistiques ainsi qu’avec les expériences d’appropriation indue et de mésusage qui nous intéresse plus particulièrement. Étant donné que de nombreuses manifestations de l’art autochtone sont intimement liées à différentes formes de connaissances culturelles, de spiritualité, de médecine, d’o dres juridiques ainsi que d’histoires familiales et communautaires, il est impossible (et il n’est pas souhaitable) de ne pas tenir compte de l’expérience personnelle des contributeurs dans le cadre de notre travail d’examen de la question de l’appropriation indue et du mésusage.
Il est également important de noter que les histoires et les expériences relatées par les contributeurs dans le présent recueil ne représentent qu’une partie des multiples points de vue qui s’inscrivent dans le dialogue continu sur la promotion et la protection des arts, des expressions culturelles et des pratiques artistiques autochtones. Compte tenu de la grande diversité culturelle des nations et des communautés autochtones, il est impossible qu’un recueil de textes de cette nature puisse avoir une portée définitive ou être exhaustif dans son analyse des enjeux relatifs au mésusage et à l’appropriation indue. Cela dit, nous espérons tout de même que les expériences présentées ici entraînent la poursuite d’un dialogue qui, à son tour, mènera à l’élaboration de nouvelles démarches et de nouveaux outils. Au fil de cette conversation, il sera important d’entendre d’autres exemples d’expériences liées au mésusage et à l’appropriation indue, d’élaborer des outils et des démarches pour promouvoir l’autodétermination dans les arts, ainsi que d’envisager la mise en œuvre de nouveaux protocoles pour remédier aux préjudices du passé et du présent.
L’enquête de la Commission de vérité et réconciliation a marqué le début d’une ère de réconciliation où les organisations artistiques, les organismes de financement et les établissements d’enseignement ont cherché à soutenir l’art et le savoir autochtones et à leur accorder la priorité, ce qui a donné lieu à un mouvement d’inclusion des peuples autochtones. Bien que ce mouvement ait engendré de nombreuses occasions pour les artistes autochtones et favorisé leur reconnaissance, il a également fait en sorte que, dans certains cas, des artistes et des organisations non autochtones ont cherché à « inclure » les histoires, l’art, l’esthétique et d’autres expressions culturelles autochtones sans toutefois demander la permission aux peuples autochtones et sans les consulter. Cette façon de faire est souvent le résultat d’une incapacité à reconnaître en quoi consiste un mésusage. Règle générale, du point de vue occidental, seule la copie directe d’œuvres d’art, par opposition à l’utilisation d’une forme, d’un « style » ou d’une « technique », est considérée comme de l’appropriation indue. Pour de nombreux peuples autochtones, certaines formes d’art sont régies par des droits héréditaires ou ont une relation complexe avec l’intendance assurée par la communauté.
Dans d’autres cas, le fait que les expressions culturelles autochtones (notamment les histoires, les chansons et les connaissances) soient accessibles après leur diffusion par des anthropologues et des ethnographes, que ce soit sous forme imprimée ou après qu’elles aient été recueillies pour le compte de musées et d’établissements d’enseignement supérieur, a conduit à un malentendu selon lequel les droits d’utilisation de ces œuvres sont éteints. C’est pourtant loin d’être le cas, car les droits héréditaires des peuples autochtones sur ses expressions culturelles persistent et la compréhension de l’intendance assurée par la communauté et de la gouvernance des pratiques culturelles reste forte. Si ces systèmes de droit autochtone (parfois appelés « ordres juridiques autochtones » ou « droit coutumier ») ne sont pas toujours bien compris par le public non autochtone, ils fournissent les bases permet- tant aux peuples autochtones de déterminer leurs droits culturels, ainsi que les processus de réparation en cas de violation de ces droits.
Le présent recueil d’articles aborde un large éventail d’exemples qui portent sur de multiples formes d’art et d’expressions culturelles de communautés autochtones et qui font intervenir différents acteurs et parties prenantes, allant de particuliers à des organisations, en passant par des organismes de financement gouvernementaux. En présentant et en rassemblant ces histoires, notre objectif est de fournir des exemples d’outils et de solutions qui ont été ou pourraient être mis au point pour répondre aux défis soulevés par les contributeurs et d’autres personnes.
À propos de la couverture
La pie
Paramètres et enjeux de l’appropriation indue et du mésusage
Le thème de cette section m’a fait penser à la pie. J’en vois beaucoup, surtout ces temps-ci, car leur plumage contraste avec les tons bruns et ocres du territoire sur lequel je marche. Ces oiseaux font partie de la famille des corbeaux et, comme eux, ce sont des voleurs et des charognards. C’est tout naturel pour eux. Il y a là un lien direct à faire avec le système colonial et la façon dont celui-ci s’arroge certaines choses, parfois sans réfléchir aux répercussions sur les autres communautés et nations.


L’omble chevalier
Appropriation, collaboration et propriété intellectuelle dans le monde des arts
J’ai choisi l’omble chevalier pour ce thème parce que la navigation et les voyages sur de longues distances font partie de son existence. Au début, j’avais choisi le saumon, mais après réflexion, j’ai plutôt opté pour ce poisson, car il est plus nordique que le saumon. De plus, l’omble chevalier revêt une importance spéciale pour les Inuits, alors ce serait un meilleur choix pour démontrer le caractère inclusif de ce projet.
Le huard
Souveraineté et autodétermination en matière d’arts, d’expressions culturelles et de pratiques artistiques
Le huard est territorial, et il lutte ardemment pour défendre ce qui est sien au nom de
sa partenaire et de sa famille. Je respecte cette mentalité et je trouve que la lutte pour la préservation du savoir et de l’histoire culturelle revêt une importance semblable. J’aime particulièrement « Écoutez pour entendre nos voix » : comme le huard, nous voulons chanter d’une voix forte pour faire valoir ce qui est à nous et ce à quoi nous croyons.


Le loup
Expériences liées aux mécanismes de protection et aux protocoles dirigés par des peuples autochtones avec l’appui du gouvernement
Cette section a essentiellement trait à la planification et à la collaboration. Pour mettre en œuvre les idées qui y sont suggérées, il faudra compter sur l’appui de nombreuses personnes de disciplines variées et de différentes régions au pays. À mon avis, cette collaboration est nécessaire. La durabilité, le territoire, la préservation de la communauté, la réussite… Pour en arriver à cela, il faut travailler ensemble. Ces systèmes me font penser à une meute de loups.
Le bison
Constitution d’une masse critique de dirigeants autochtones dans le monde des arts
Cette dernière section contenait beaucoup de renseignements intéressants sur certaines industries comme la mode et le cinéma. Il était difficile pour moi de penser à un animal représentatif de toutes ces idées. J’ai donc plutôt réfléchi à la nature du projet dans son ensemble. Selon moi, c’est une question d’élan vers l’avant. Lorsque le livre sera entre les mains des gens, les idées qu’il expose étendront la portée du mouvement progressiste sur le sujet. J’ai immédiatement pensé à un troupeau de bisons. Ensemble, ils sont une force inarrêtable. C’est une communauté qui dépend de la collaboration de chaque individu.
