Appel à l’action : Inuit Futures in Arts Leadership Project
Plus les Inuits et les Inuvialuit seront en mesure de prendre en main leur propre avenir, plus nous serons à même de faire entendre nos voix au sujet de la manière dont nos arts visuels, nos chants, nos histoires, nos spectacles et autres pratiques artistiques sont protégés, partagés et diffusés au sein de nos communautés inuites, au Canada et dans le monde entier. Le seul but de l’initiative Inuit Futures in Arts Leadership : The Pilimmaksarniq/ Pijariuqsarniq Project est de favoriser, soutenir et améliorer le leadership et la participation des Inuits et des Inuvialuit dans tous les domaines artistiques. Le projet bénéficie d’une subvention de sept ans du Conseil de recherches en sciences humaines qui nous permet de former et d’encadrer les Inuits et les Inuvialuit du nord et du sud du pays, et de soutenir les nouveaux étudiants universitaires et les professionnels des arts afin qu’ils deviennent la prochaine génération de chercheurs et de leaders au sein des secteurs universitaire et artistique dans nos communautés et dans tout le Canada. Notre partenariat a débuté en 2018 avec 17 institutions partenaires initiales situées dans le nord et le sud du pays, et celui-ci poursuit son développement, notamment grâce à l’ajout de nouveaux partenaires et mentors qui partagent notre vision. Notre but ultime n’est rien d’autre que l’autodétermination des Inuits et la souveraineté sur leurs arts. Nous voulons que l’on nous réserve une place à chaque table où il est question de notre culture.
Le projet Inuit Futures est dirigé par un groupe de personnes entièrement composé d’Inuits et d’Inuvialuit, qui comprend notamment la Dre Heather Igloliorte (Nunatsiavut – histoire de l’art et pratique de la conservation) qui agit à titre de directrice du projet, Reneltta Arluk (région d’Inuvialuit – écriture et réalisation de pièces de théâtre), Alethea Arnaquq Baril (Nunavut – réalisation et production de films), Taqralik Partridge (Nunavik – arts visuels et du spectacle, écriture et édition), Jessica Kotierk (Nunavut – muséologie, gestion des collections et archives), ainsi que Jesse Tungilik (Nunavut – arts médiatiques mixtes et administration des arts). Ensemble, nous représentons toutes les régions de l’Inuit Nunangat (les quatre régions inuites du Canada) et nous détenons l’expertise nécessaire à la réalisation de tous les aspects de ce projet. Notre alliance est à la fois pratique et politique : nous nous appuyons sur nos vastes réseaux disciplinaires et régionaux pour contacter les étudiants potentiels de l’enseignement supérieur et les professionnels des arts émergents (appelés Ilinniaqtuit,
ou apprenants), ce qui nous permet de les jumeler avec des institutions et des mentors en fonction de leurs études, de leurs talents, de leurs intérêts et de leurs aspirations. Toutefois, collectivement, nous représentons une unité qui va au-delà des frontières provinciales et territoriales qui chevauchent l’Inuit Nunangat et nous empêchent souvent de travailler ensemble. Cela nous permet de mettre la solidarité inuite au premier plan dans notre projet au lieu de travailler en vase clos dans nos régions ou nos disciplines respectives. Comme l’a fait remarquer Tom McLeod, membre de la cohorte de la première année et étudiant à l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario, après notre deuxième rassemblement annuel : [TRADUCTION] « La plus grande réalisation de ce projet a été de rassembler les gens qui y participaient ». Nakasuk Alariaq, doctorante à l’Université Concordia, ajoute : [TRADUCTION] « Je n’avais rencontré qu’une seule autre étudiante inuite lorsque j’étais à l’Université Western Ontario », dit-elle. « Le fait qu’il y ait autant d’étudiants universitaires inuits au même endroit et au même moment […] a renforcé ma confiance en moi et ma confiance dans le domaine des études inuites en général ».
L’idée de mettre sur pied cette initiative est née d’un paradoxe troublant que nous, l’équipe de direction inuite du projet Inuit Futures, avons identifié comme étant un problème de longue date ayant des répercussions sur l’ensemble du paysage artistique circumpolaire et canadien. Par exemple, si une forme ou une autre de production culturelle ou artistique inuite se retrouve dans les collections de la majorité des plus de 2 300 musées et galeries du Canada – des petites galeries d’art dans les maisons rurales jusqu’aux grands musées nationaux –, il est peu fréquent, dans toute l’histoire des musées et des galeries de ce pays, qu’une personne inuite occupe un poste important et de longue durée dans l’un de ces établissements, que ce soit à titre de conservateur, de gestionnaire de collections, de directeur ou d’éducateur. Ces institutions accordent rarement la priorité aux publics inuits et à notre participation à notre propre patrimoine culturel; en fait, elles partent plutôt du principe que leur public est principalement constitué de Qallunaat. Nous avons également fait l’objet d’innombrables films, romans, pièces de théâtre et études, mais nous avons rarement
eu accès aux mêmes plateformes et ressources pour devenir nos propres cinéastes, dramaturges ou romanciers, sans parler des multiples autres carrières intéressantes dans le domaine des arts, comme celles de technicien, de designer, de gestionnaire de collections ou de monteur. Nous voulons raconter nos propres histoires et diriger des projets que nous imaginons, et non ceux qui nous sont imposés. Toutefois, les obstacles à la réussite universitaire et professionnelle des Inuits sont nombreux : l’isolement géographique par rapport au sud et l’isolement des Inuits les uns par rapport aux autres, l’accès à l’éducation, et plus particulièrement aux établissements d’enseignement supérieur, le coût élevé de pratiquement tout ce qui se trouve sur nos territoires d’origine, ainsi que l’histoire et l’héritage continu de la colonisation de l’Arctique, pour n’en citer que quelques-uns. Bien sûr, les Inuits ont toujours réussi dans l’industrie artistique malgré ces grands défis, si bien qu’aujourd’hui, nous marchons dans les traces de ces Inuits qui ont ouvert la voie dans le monde de l’art, comme l’écrivaine Minnie Aodla Freeman, le rédacteur en chef de magazine, chroniqueur et illustrateur Alootook Ipellie, ainsi que le conservateur July Papatsie, le cinéaste et producteur Zacharias Kunuk, pour ne nommer que ceux-là. Ils ont ouvert une porte qui, auparavant, était fermée aux Inuits, et il nous incombe de garder cette porte grande ouverte pour permettre à d’autres Inuits de passer, afin qu’ils puissent aussi faire une place pour ceux qui viendront après eux. Jason Sikoak, étudiant à l’Université Concordia et membre de notre première cohorte d’Ilinniaqtuit, souligne cet objectif commun en déclarant, dans son profil sur notre site Web : [TRADUCTION] « [Inuit Futures] m’aide, et je veux à mon tour aider d’autres personnes une fois que j’aurai terminé le programme ». Nicole Luke, une étudiante à la maîtrise et future architecte qui nous a rejoints en deuxième année du projet, fait écho aux propos de M. Sikoak lorsqu’elle affirme : [TRADUCTION] « J’espère qu’un jour, je pourrai être un mentor pour d’autres Inuits ».
Nous travaillons à la réalisation de ces objectifs en créant des occasions pour les Inuits d’acquérir les compétences, les connaissances et l’expérience dont ils ont besoin pour occuper des postes où ils pourront créer, diriger et gérer leur propre culture, d’une manière qui s’inspire plus étroitement du savoir, de la vision du monde et des modes d’apprentissage des Inuits. Notre projet est conçu pour être à la fois souple et adaptatif de manière à permettre de relever les défis liés au perfectionnement professionnel et à la formation en recherche dans le nord et le sud, et adapté à la façon dont les Inuits apprennent, c’est à dire « par l’observation, le mentorat, la pratique et l’effort », ou la valeur inuite Pilimmaksarniq/ Pijariuqsarniq, qui relève de l’Inuit Qaujimajatuqangit, notre savoir vivant et notre système de valeurs.
The more empowered Inuit and Inuvialuit are to determine our own futures, the stronger our voices will be in how our visual arts, songs, stories, performances and other artistic practices are protected, shared and circulated within our Inuit communities, across Canada and around the world. The sole purpose of Inuit Futures in Arts Leadership Project: The Pilimmaksarniq / Pijariuqsarniq Project is thus to foster, support and increase Inuit and Inuvialuit leadership and participation within all areasof the arts. The project is supported by a 7-year, Social Sciences and Humanities Research Council grant that enables us to train and mentor Inuit and Inuvialuit across both the north and south, supporting emerging scholars and arts professionals to become the next generation of researchers and leaders in our communities and across Canada within academia and the arts. Our partnership began in 2018 with seventeen original partner institutions across the north and south, and it continues to grow, adding new partners and mentors who share our vision. Our ultimate goal is nothing short of Inuit self-determination and sovereignty over our own arts. We want a seat at every table where our culture is at stake.
The Inuit Futures project is steered by an all-Inuit / Inuvialuit leadership group composed of project director Dr. Heather Igloliorte (Nunatsiavut; art history / curatorial practice), Reneltta Arluk (Inuvialuit region; theatrical playwriting / directing), Alethea Arnaquq-Baril (Nunavut; filmmaking / producing), Taqralik Partridge (Nunavik; visual and performing arts / writing & publishing), Jessica Kotierk (Nunavut; museology / collections management / archives), and Jesse Tungilik (Nunavut; mixed media arts / arts administration). Together we represent all regions of Inuit Nunangat (the four Inuit regions of Canada) and have expertise in all aspects of this project. Our alliance is both practical and political: we draw on our wide disciplinary and regional networks to contact potential postsecondary students and emerging arts professionals Ilinniaqtuit (learners) allowing us to pair them with institutions and mentors according to their studies, talents, interests and aspirations; but collectively we also represent a unity across the provincial and territorial borders that overlay Inuit Nunangat and often prevent us from working together. This allows us to foreground Inuit solidarity in our project instead of working in our regional or disciplinary silos. As Year I cohort member Tom McLeod, an OCAD University student, noted after our second annual gathering, “The best thing the project has done has been to bring the folks that are a part of it together.” Concordia University doctoral student Nakasuk Alariaq adds, “I had only ever met one other Inuk university student while I was at [the University of Western Ontario],” she says. “Having so many Inuit university students in the same place at the same time […] made me feel more confident in myself and the Inuit studies field in general.”
The impetus for creating this initiative arose from a troubling paradox that we, the Inuit leadership team of the Inuit Futures project, identified as a longstanding issue impacting the entire circumpolar and Canadian arts landscape. While Inuit cultural and artistic productions of some kind or another can be found in the collections of nearly every one of the over 2300 museums and galleries across Canada—from the tiniest rural house museums to the largest national institutions—rarely, in the entire history of museums and galleries in this country, has an Inuk held a meaningful, long-term position of agency in one of these institutions such as a curator, collections manager, director, or educator. Rarely do these institutions prioritize Inuit audiences and our engagement with our own cultural heritage, and instead assume their audiences are primarily Qallunaat. We have likewise been the subject of countless films, novels, plays, and studies, yet we have seldom had access to the same platforms and resources to become our own filmmakers, playwrights, or novelists, let alone to partake in the plethora of other interesting careers surrounding the arts, such as technicians, designers, collections managers or editors. We want to tell our own stories and lead projects that we dream up, not those imposed upon us. But the barriers to Inuit academic and professional success are many: geographic isolation from the south and from each other, access to education and especially postsecondary institutions, the high cost of virtually everything in our home territories, and the history and ongoing legacies of Arctic colonization, to name a few. Of course, Inuit have always, and continue to, succeed in the arts industry despite these great challenges. We stand on the shoulders of those Inuit who blazed trails in the art world, like writer Minnie Audla Freeman; magazine editor, columnist, and illustrator Alootook Ipellie; curator July Papatsie; filmmaker and producer Zacharias Kunuk: the list goes on and on. They kicked a door open that had been shut to Inuit, and it is our responsibility to keep that door open as wide as we can for more Inuit to come through, so that they can also make and hold space for those that will come after them. Concordia University student and member of our first cohort of Ilinniaqtuit, Jason Sikoak, underscores this shared goal, stating in his profile on our website, “[Inuit Futures] is helping me and I, in turn, want to help other people once I’m through the program.” Nicole Luke, a Master of Arts student and aspiring architect who joined us in Year II of the project, echoes Sikoak, saying, “I hope one day I can be a mentor for other Inuit.”
We work towards these goals by creating opportunities for Inuit to gain the skills, knowledge and experience they need to step into positions where we can create, direct and steward our own culture, in ways that more closely align with Inuit knowledge, worldviews and ways of learning. Our project is designed to be flexible and adaptive in order to address the challenges of professional development and research training in both the north and south, and tailored to the way that Inuit learn “through observation, mentoring, practice, and effort,” or Pilimmaksarniq/ Pijariuqsarniq, which is a tenant of Inuit Qaujimajatuqangit, our living knowledge and system of values.
Nos institutions partenaires, qui comptent des universités et une grande variété de petites et grandes institutions artistiques, sont situées dans l’Inuit Nunangat et dans les villes du sud du Canada où la population inuite est importante.
Ensemble, nous réfléchissons soigneusement à la meilleure façon d’intégrer les Ilinniaqtuit dans les petites organisations, où le travail de supervision d’un nouveau stagiaire peut être très prenant si une organisation manque temporairement de personnel ou est surchargée de responsabilités administratives, comme c’est souvent le cas des organisations artistiques du Nord dirigées par des individus autochtones. Nous travaillons avec nos partenaires pour trouver le meilleur moment et la meilleure forme de mentorat qui profite à la fois au formateur et au stagiaire.
De même, nous ne nous contentons pas de parachuter les Ilinniaqtuit dans de grandes organisations institutionnelles partenaires où ils risqueraient de sombrer ou de se perdre dans le statu quo. Tous les membres du collectif de dirigeants ont vécu des expériences désastreuses dans les milieux universitaires et artistiques (que nous partageons avec nos étudiants actuels afin que, espérons le, ils ne se retrouvent pas dans des situations semblables à l’avenir). Nous avons tous vécu l’expérience d’être exploités en tant qu’Inuk « symbolique » afin de permettre à une organisation Qallunaat d’être admissible à une subvention du financement, ou de cocher une case dans un rapport final. Nous avons tous travaillé avec et pour ceux qui parlent comme s’ils étaient des alliés, mais qui n’agissent que dans leur propre intérêt; nous avons tous des histoires de gardiens ou de personnes condescendantes ou ouvertement racistes, qui montraient de moins grandes attentes à notre égard.
Nous savons que pour que les Inuits réussissent, nous devons collectivement changer de nombreux aspects des cultures institutionnelles et des structures organisationnelles afin de créer des milieux meilleurs, plus accueillants et plus soucieux des questions culturelles qui favoriseront la réussite des Inuits. Nous voulons que ces stages soient transformateurs, tant pour le stagiaire que pour l’institution. L’une des stratégies que nous employons collectivement à cette fin consiste à organiser des rassemblements annuels qui mettent en avant des orateurs et des dirigeants inuits, mais qui permettent aussi à nos nombreux autres partenaires et mentors, qui peuvent être des Qallunaat ou des collègues autochtones d’autres institutions, de témoigner de l’expérience et du savoir institutionnels inuits. Comme le dit Simeonie Kisa Knickelbein, participante de deuxième année : [TRADUCTION] « C’est merveilleux de pouvoir se poser des questions et de se parler sans avoir à s’expliquer à l’excès ». De plus, le développement de ce réseau de pairs et de mentors autochtones a été inestimable pour notre action collective. Emily Henderson, qui a d’abord travaillé à distance pour l’Inuit Art Foundation comme étudiante titulaire d’une bourse, et qui est aujourd’hui la première rédactrice inuite à temps plein de l’Inuit Art Quarterly, fait remarquer ceci : [TRADUCTION] « Le soutien apporté jusqu’à présent est tout simplement extraordinaire. […] Non seulement je peux compter sur un solide réseau de mentors pour obtenir de l’aide et des conseils tout au long de ma propre carrière, mais j’ai aussi tissé des liens très forts avec beaucoup de camarades au sein de mon programme, et je suis très enthousiaste à l’idée d’évoluer avec eux ».
Ce travail de transformation est déjà en cours dans certaines de nos institutions partenaires, qui ont consacré du temps et des ressources à la formation et au mentorat des Inuits et des Inuvialuit afin qu’ils deviennent des leaders au sein de leurs institutions. Certaines ont déjà commencé le travail difficile et nécessairement inconfortable consistant à examiner les fondements eurocentriques de leurs institutions et la manière dont elles peuvent changer leurs politiques, leurs processus et leurs cultures de travail, depuis la manière dont elles soutiennent directement les artistes jusqu’à leur personnel, leur direction et leurs conseils d’administration. Cependant, nous voulons plus et nous y travaillons. Nous voulons que toutes les institutions de ce pays qui sont les gardiens de notre savoir, de notre créativité, de notre culture et de notre patrimoine prennent également en considération leurs responsabilités envers les Inuits et suivent notre exemple dans le traitement des questions relatives à notre culture. Comme l’a déclaré Theresie Tungilik, administratrice et défenseure des arts inuits, il est grand temps que les Inuits prennent le contrôle de leur propre représentation (Buis et Smith, 2011).
Les dirigeants de ces institutions peuvent y contribuer en donnant la priorité à l’embauche, à la formation et à la promotion des Inuits et des Inuvialuit, en leur fournissant les outils dont ils ont besoin pour réussir à long terme, en partageant les rôles et les responsabilités de leader-
ship à mesure que les Inuits au sein de leurs institutions perfectionnent et renforcent leurs capacités, et surtout, en étant prêts à faire un pas de côté, voire à laisser leur place lorsqu’un Inuk est prêt à les remplacer et apte à le faire. Ce travail est particulièrement urgent pour les organisations qui ont un pouvoir de décision concernant la création et la diffusion de l’art inuit, ainsi que sur le développement des connaissances qui entourent l’art inuit. Notre appel à l’action est le suivant : allez vous rendre public et transparent votre plan visant à encourager et à développer les talents inuits dans les postes qu’ils devraient occuper? Pouvez-vous faire de leur recrutement, de leur formation et de leur promotion une priorité dans le cadre d’un plan d’action concret? Nous travaillons ensemble vers l’avenir que nous envisageons, un avenir non seulement équitable mais aussi autonome et autodéterminé. Et nous demandons à nos collègues et partenaires de s’y atteler avec nous en se penchant sur la question, en faisant de la place, en partageant l’autorité et en cédant le pouvoir.
Heather Igloliorte
Heather Igloliorte est directrice du projet Inuit Futures in Arts Leadership: The Pilimmaksarniq/Pijariuqsarniq Project, qu’elle a lancé parce qu’elle voulait voir plus d’Inuits dans les sphères décisionnelles des arts. Heather est titulaire de la Chaire de recherche universitaire de niveau 1 en arts autochtones circumpolaires à l’Université Concordia, professeure agrégée au Département d’histoire de l’art et codirectrice du bloc de recherche sur les perspectives autochtones au Milieux Institute for Arts, Culture and Technology. Elle est conservatrice d’art autochtone depuis 2005. Elle publie fréquemment des articles sur des études muséales critiques, les arts circumpolaires et autochtones et les pratiques de conservation. Son essai intitulé « Curating Inuit Qaujimajatuqangit: Inuit Knowledge in the Qallunaat Art Museum » a remporté le titre « Distinguished Article of the Year », décerné par le Art Journal en 2017. Heather est présidente du conseil d’administration de l’Inuit Art Foundation et coprésidente du Cercle consultatif autochtone au Musée des beaux-arts de Winnipeg. Entre autres fonctions, elle siège aussi au conseil d’administration de la Native North American Art Studies Association et au conseil des études de l’Otsego Institute for Native American Art History au musée d’art Fenimore de Cooperstown, dans l’État de New York.
Reneltta Arluk
Reneltta Arluk (théâtre et arts de la scène, région inuvialuite) est une Inuvialuite, Dénée et Crie des Territoires du Nord-Ouest. Elle est bachelière en arts (théâtre) de l’Université de l’Alberta et fondatrice de l’Akpik Theatre, une compagnie de théâtre professionnelle autochtone des T.N. O. vouée à établir une authentique voix autochtone du Nord par le théâtre et le conte. Élevée par ses grands-parents sur les sentiers de piégeage jusqu’à l’âge scolaire, elle a acquis dans cette vie nomade les compétences qui allaient faire d’elle une artiste multidisciplinaire accomplie. Reneltta a participé à la création d’un théâtre autochtone au Canada et à l’étranger, parfois de sa propre initiative. Pour l’Akpik Theatre, elle a écrit, produit et exécuté différentes pièces portant sur la décolonisation et mettant le théâtre au service de la réconciliation. L’une d’elles est Pawâkan Macbeth, une adaptation de Macbeth en langue crie des Plaines qu’elle a écrite sur le territoire du Traité no 6, inspirée par son travail auprès des jeunes et des aînés de la réserve de Frog Lake. Reneltta est devenue la première Inuite et la première femme autochtone à diriger une production au Festival de Stratford. Elle a reçu le prix de direction artistique Tyrone Guthrie-Derek F. Mitchell pour sa mise en scène de The Breathing Hole. Reneltta est directrice des arts autochtones au BANFF Centre for Arts and Creativity.
Alethea Arnaquq-Baril
Alethea Arnaquq-Baril (film et vidéo, Nunavut) est une cinéaste inuite de l’Arctique canadien, où elle travaille en cinéma depuis 2003. Récemment, elle a lancé avec sa collègue productrice inuite, Stacey Aglok MacDonald, l’entreprise Red Marrow Media, qui produit actuellement le film Slash/Back de Nyla Innuksuk, dans lequel un groupe d’adolescentes inuites combattent une invasion extraterrestre à Pangnirtung.
Alethea a réalisé et produit Angry Inuk, un documentaire diffusé sur les ondes de CBC, où des Inuits traitent de façon originale et provocante les controverses internationales sur la chasse au phoque. Présenté en première à Hot Docs 2016, où il a remporté le Prix du public, Angry Inuk a été sélectionné comme l’un des 10 meilleurs films canadiens au Festival international du film de Toronto en 2016, une distinction suivie de plusieurs prix prestigieux. La même année, Alethea s’est vu décerner la Croix du service méritoire par le gouverneur général du Canada pour ses contributions aux arts en général et au cinéma documentaire en particulier. Toujours en 2016, elle a reçu le Prix d’avant-garde du DOC Institute pour « sa vive sensibilité artistique et son approche avant-gardiste du métier, capables d’inspirer la prochaine génération de documentaristes ». Pour connaître les œuvres antérieures d’Alethea, rendez-vous sur Unikkaat.com/projects/
Taqralik Partridge
Taqralik Partridge (littérature, arts de la scène et arts visuels, Nunavik) est une artiste de scène (poésie orale et chant guttural), une artiste en arts visuels et une auteure de Kuujjuaq, au Nunavik, qui réside maintenant à Kautokeino, en Norvège. Taqralik incorpore le chant guttural dans ses performances. Son travail a été présenté sur la chaîne Radio One de CBC. Elle a fait des tournées avec l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Kent Nagano et avec Les productions Troublemakers sous la direction du compositeur Gabriel Thibaudeau, de la Cinémathèque québécoise. Elle est cofondatrice du festival Tusarniq. Ses écrits racontent la vie dans le Nord et dans les centres urbains du Sud, ainsi que le vécu des Inuits. Sa nouvelle intitulée « Igloolik », parue dans la revue Maisonneuve, a remporté le premier prix du Concours d’écriture du Québec en 2010 et a été publiée en suédois et en français; sa nouvelle « Fifteen Lakota Visitors » a été retenue dans la sélection finale du Prix de la nouvelle 2018 de CBC. En arts visuels, son œuvre fait actuellement partie de l’exposition itinérante Among All These Tundras et de la 22e Biennale de Sydney, en Australie, ouverte en mars 2020.
Parlant couramment le français, l’anglais et l’inuktitut, et ayant vécu et travaillé avec des artistes dans tout le Nunavik, Taqralik compte des décennies d’expérience dans le monde de la littérature et des arts visuels.
Jessica Kotierk
Jessica Kotierk (gestion muséale et pratiques archivistiques, Nunavut) est conservatrice et gestionnaire du musée Nunatta Sunakkutaangit à Iqaluit, au Nunavut. Formée au Collège Fleming après des études à l’Université York, elle est aussi l’un des très rares archivistes inuits du Canada. Originaire d’Igloolik, Jessica a acquis des compétences et des connaissances précieuses en gestion de collections et de données au cours de ses études à Toronto et à Ottawa, et de l’expérience pratique dans des établissements au Canada et à l’étranger. Par exemple, elle a travaillé à la préservation et à la documentation de la collection d’écrits inuits de la Collection McMichael d’art canadien, elle a été consultante en art inuit à Berne, en Suisse, et elle a fait des recherches sur l’archéologie inuite à l’Institut culturel Avataq, à Montréal. Avant d’occuper son poste actuel au musée Nunatta Sunakkutaangit, elle a aussi travaillé pour la Société de développement de l’industrie cinématographique du Nunavut. Jessica met son riche bagage de connaissances au service des projets Inuit Futures. « Si quelqu’un connaît ses champs d’intérêt et ses points forts, dit-elle, alors il peut les appliquer dans son travail. »
Jesse Tungilik
Jesse Tungilik (administration des arts et gestion des collections, Nunavut) est un artiste interdisciplinaire, un administrateur des arts et un défenseur des arts inuits, basé à Iqaluit, au Nunavut. Il a travaillé dans de nombreuses disciplines artistiques et à de nombreux titres professionnels, en commençant comme sculpteur de céramique à la Matchbox Gallery de Kangiqliniq (Rankin Inlet), au Nunavut (dès l’âge de huit ans, et jusqu’à l’âge adulte), avant de travailler au studio Aayuraa de Mathew Nuqingaq à Iqaluit comme artiste joaillier spécialisé dans les fanons, la corne de bœuf musqué, l’ivoire et l’argent.
M. Tungilik travaille également dans le domaine de la sculpture mixte, et ses œuvres ont été exposées, entre autres, au Nunavut Arts Festival, au Great Northern Arts Festival, au Banff Centre for Arts and Creativity et au Musée océanographique de Monaco. Ses œuvres font partie de collections publiques et privées nationales et internationales, comme la collection inuite du Museum Cerny à Berne, en Suisse.
M. Tungilik a été gestionnaire des industries culturelles pour le gouvernement du Nunavut et directeur exécutif de la Nunavut Arts and Craft Association ; il est actuellement agent de liaison avec la communauté inuite pour la Inuit Art Foundation et président du conseil d’administration du Nunatta Sunakkutaangit Museum à Iqaluit, ainsi que président de la Nunavut Arts and Crafts Association.